La Mère et la Putain #3
Camille raconte le changement de paradigme qu’elle a vécu au niveau de sa sexualité : “La mère ou la putain”.
Elle raconte comment son aventure sexuelle et son expérience de “wild sex” l’à poussé à réfléchir à la sexualité en générale. Etape par étape, elle dévoile comment elle a brûlé les préjugés liés à sa sexualité, et accepté la grandeur de ses désirs.
Séquence du contenu du podcast
0:00 – La sexualité et soi, une belle introduction en matière
1:30 – Le premier moment clé : découverte de sa sexualité consciente
3:35 – Quelle a été l’invitation que Camille a suivi pour évoluer et apporter des changements majeurs dans sa sexualité
5:30 – Apprentissage et sensation de liberté, peu importe le regards des autres
6:22 – Deuxième moment clé : exploration “wild sex”
11:00 – Empowerment, “je choisi ce que je veux”. Se permettre de vivre une sexualité au delà des peurs et des préjugés. Être curieuse, à son propre rythme
14:40 – Imaginer sa sexualité est une chose, l’expérimenter en est une autre. Comment se permettre de vivre une expérience concrètement et d’en être transformer. La clé? Le consentement
16:25 – Comment la perception des sensations a évolué? Comment rester libre dans un environnement qui nous met dans des cases?
19:20 – Le projet du Love Health Center
20:00 – Troisième moment clé : l’orgasme des seins
22:40 – Sa propre sexualité est à la portée de chacun.e.
24:55 – Ce que signifie la sexualité pour Camille.
Post scriptum
Saviez-vous que la stimulation des tétons est très érogène pour la majorité des femmes et des hommes. Mais aussi, la stimulation des seins/tétons peut également déclencher l’orgasme tant chez les femmes que chez certains hommes.
Comme le dit si bien Camille: “imaginer sa sexualité est une chose, l’expérimenter en est une autre.” Jusqu’où acceptez-vous vos désirs aussi simples soient-ils, et comment arrivez-vous à les vivre? Plus vous écoutez et exprimez vos désirs, plus votre confiance et enthousiasme grandiront.
Transcription des échanges du podcast entre Olivier Mageren, Camille B. et Camille R. :
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Camille B.: [00:00:00] “Entr’Nous” est un podcast vivant où on parle avec authenticité de sexe, et on vous invite à explorer votre relation à votre sexualité.
Intro: [00:00:15] “Entr’Nous”; “Entr’Nous”
Camille B.: [00:00:15] Bienvenue dans ce troisième épisode d'”Entr’Nous”. Ce podcast est enregistré à Bruxelles, à deux pas de la grande place dans le “Love Health Center”. Ce podcast est rendu possible grâce à A.S.B.L “Inspired By” et “The Podcast Factory Org”.
Olivier Mageren: [00:00:27] Ce troisième podcast et dédicacé à l’asexualité et soi. Et donc Camille va se prêter au jeu de partager trois moments déterminants dans sa vie sexuelle, dans son histoire sexuelle. Et donc on vous invite également à vous poser la question de comment vous vous sentez avec vous-même, avec votre sexualité aujourd’hui. Sachant que la sexualité est une histoire personnelle unique et qui est évolutive. Ne vous comparez pas aux autres, considérez que ce que vous êtes aujourd’hui pourra être différent demain, et je l’espère, que vous allez évoluer vers vos plus profond désir, que vous allez oser vous dévoiler pour faire émerger le plus beau de vous-même. Et ici, on va découvrir grâce à Camille un parcours unique qui peut-être va résonner avec vous-même. Alors voilà, je vous invite à cette petite aventure ensemble.
Camille B.: [00:01:21] Oui, et j’ai oublié de le mentionner mais aujourd’hui j’ai la chance d’être interviewée, questionnée, par Olivier et puis par Camille R.
Camille R.: [00:01:28] J’ai l’impression de me parler à moi-même, c’est assez drôle. Alors Camille, quel est le premier moment impactant dans ta sexualité que tu avais envie de nous partager aujourd’hui?
Camille B.: [00:01:39] Le premier moment, je dirais que c’est la découverte consciente de ma sexualité, donc j’en ai déjà un peu parlé dans le premier épisode lorsqu’avec Olivier on mentionnait la méditation orgasmique. C’est vraiment à ce moment-là, lorsque j’ai commencé à mettre de la conscience dans mon corps, je me suis rendu compte qu’il y avait tout un vaste champ des possibles au sein de ma sexualité. Et donc à ce moment-là, il y a beaucoup de choses qui ont changé au niveau de mes paradigmes, au niveau de ma vision aussi, ma propre, enfin, la manière dont je me voyais parce que ma sexualité a changé. On parle souvent de la mère et la putain, donc la mère, la personne, c’est la femme sage qui a une sexualité très cadrée. Et puis la putain, on va appeler une femme putain, celle qui a une sexualité plus vaste, plus large, avec plus de personnes. Et donc c’est vraiment en ce moment-là où ça a changé, parce qu’avant ça, je me considérais, j’aurais pu me considérer comme la mère. Donc une sexualité assez sage dans le cadre d’un couple, d’un couple solide et d’un couple avec plusieurs années derrière soi. A maintenant la putain en me disant waouh, en fait, je peux être maîtresse de ma sexualité et avoir des relations sexuelles d’un soir, de quelques minutes même avec une personne que je ne connais pas, que je rencontre et paf, ça se passe. Et donc vraiment, vivre ma sexualité d’une manière mais totalement libre, totalement fluide en me disant m’a peu importe aussi que ce soit un homme ou une femme, je me laisse aller à l’expérience. Et donc ça a été tout un chamboulement parce que je me suis dit mais mince, mais que va penser ma famille? Donc je me faisais mon autocritique, mon jugement, Je me flagellais moi-même en me disant mais “Est-ce que je suis une salope? Mais c’est pas moi ou…” Enfin vraiment. Et ça, je me suis rendu compte que c’est la société qui nous construit comme ça. Nous, en tant que femme, on doit vraiment se restreindre si on veut correspondre aux codes que la société nous apprend quoi.
Camille R.: [00:03:38] J’ai l’impression que la vie t’as envoyée en fait une invitation à découvrir d’autres parts de toi et je serais curieuse de savoir à quel moment de ta vie tu as reçu cette invitation et qui a fait que tu l’as accepté. Parce qu’on reçoit beaucoup d’invitations à l’exploration, et on les saisit pas nécessairement toutes. Qu’est ce qui fait qu’à ce moment-là, que ce soit pour la méditation orgasmique ou ce qui a suivi, tu as accepté cette invitation.
Camille B.: [00:04:06] À très bonne question, très juste, je pense que ce qui m’a permis d’accepter et de m’ouvrir. Tu as raison. En fait, on a toujours en fait des possibilités et je me les étais pas accordées ou je n’y avais pas pensé. Mais le fait, en fait, d’être à l’étranger, c’est vrai qu’à ce moment-là donc j’étais aux Etats-Unis, donc j’étais très loin de ma famille, très loin en fait de cette éducation, de cette société, etc. Et donc j’étais aussi, pour remettre dans le contexte, j’étais à San Francisco donc qui est une ville assez libre. Si justement on veut expérimenter cette sexualité, je pense que c’est le meilleur endroit au monde. Et donc le fait d’être loin de ma famille en fait, il y avait vraiment cette distance aussi au niveau mental cognition où là j’étais vraiment “ben, ok, je suis loin d’eux”. C’est comme s’il y avait vraiment une parenthèse quoi. C’était une parenthèse, C’était ma bulle. En fait je pouvais être qui je voulais, changer de personnage, même si le lendemain voilà je pouvais être quelqu’un d’autre, je pouvais ne plus être la Camille qu’on connaissait en France. Et donc dans cette nouvelle Camille, et même quand je racontais du coup en plus mes expériences à quelques-unes mais très infimes amies proches, ben certaines pouvaient être étonnés, etc. Mais beaucoup m’encourageaient mais disais “Waouh, enfin tu oses, c’est des choses qu’on ne ferait pas en France ou on n’oserait pas” etc. Donc il y avait aussi cette dimension d’être loin.
Camille R.: [00:05:23] Et cette découverte du coup de toi via la méditation orgasmique et d’autres expériences, Qu’est-ce que ça t’a appris en fait ? Tu parlais de deux, de deux archétypes j’ai envie de dire la mère et la putain la salope! Qu’est-ce que ça t’a appris finalement sur toi, toute cette expérience-là?
Camille B.: [00:05:43] Que peu importe la sexualité que je décide d’avoir, j’étais en paix avec moi-même quoi. Ce rôle de mère, putain, en fait, ça me correspondait pas du tout. J’étais moi-même Camille avec, si je voulais je pouvais être en couple et avoir une sexualité dans ce couple. Ou alors je pouvais être avec un sexfriend et avoir une sexualité avec ce sexfriend. Tout en voyant d’autres personnes, je pouvais voilà, avoir une relation sexuelle avec deux personnes différentes dans une même journée, enfin bref… Tout ça sans me dire bah écoute, sans me poser trop grande question, c’était vraiment en fait un terrain de jeu de curiosité et. Et de freedom quoi. Cette sensation de Freedom, je ne la ressentais pas en France.
Camille R.: [00:06:22] Merci pour ce premier partage Camille. Et quel est le deuxième élément marquant que tu as eu envie de nous partager?
Camille B.: [00:06:28] Donc ça va dans cette poursuite. Donc à 25 ans où je voulais partir à la recherche de mon wild sex, c’est à dire vraiment, bah voilà, comme l’ai expliqué : explorer ma sexualité, je savais que… Je savais qu’il y avait d’autres choses aussi qui m’attendaient. Je savais que je pouvais être cette crazy girl, même des fois être trop pour la société. Des fois on se dit Ah, on est, on peut être trop.
Camille R.: [00:06:48] Est ce que tu peux donner un exemple de ce que tu mettrais derrière le ou peut être trop ? Parce que je pense que c’est. C’est une question qui revient souvent en tant que femme, je sens que ça résonne en moi. Qu’est-ce que ça voulait dire pour toi ? Qu’est-ce que tu mettais derrière ça ?
Camille B.: [00:07:00] Trop désirer ? Je veux trop, je disais : je veux, je veux. Et des fois on me disait “Mais on ne dit pas je veux, on dit déjà j’aimerais” mais je suis là “Non, je veux, c’est quelque chose que je veux”. Donc c’était vraiment ce peut-être en demander trop. Et c’est vrai, comme tu le disais en fait aux femmes, on leur dit de se restreindre en fait. Mais enfin, pour moi, je sentais qu’il y avait vraiment quelque chose de plus, une porte qui pouvait s’ouvrir et quelque chose de beaucoup plus beau qui pouvait être derrière. Et on me laissait pas la possibilité d’être cette personne. Ou alors je me laissais pas la possibilité d’être cette personne, ça c’est aussi une autre question. Et donc dans ce wild sex, c’était vraiment de partir à la découverte de ma sexualité. Donc j’ai voulu un peu explorer, tâter le terrain en mode observatrice, parce qu’évidemment ça fait peur. Je m’étais dit ok, je vais aller dans un club BDSM sadomasochiste pour voir, pour explorer, etc. Et donc en mode observatrice, comme ça je me mets pas de pression, j’y vais pour regarder. Et puis donc, il y a eu cette première expérience qui a été super enrichissante, qui m’a permis en fait d’expérimenter mon premier plan à trois, qui s’est fait d’une manière très naturelle avec un homme et une femme. Et ça aussi, cette expérience avec l’autre femme a été aussi faite d’une manière très naturelle qui m’a moi-même surprise. Donc là, il y avait vraiment plus de pensées, plus de barrières et c’était, c’était, c’était waouh quoi! C’était vraiment très chouette, on était vraiment parce que des fois on faisait un plan à trois, on va se sentir exclu. Moi j’aime généralement pas le chiffre trois parce que je me dis toujours bon, je m’exclus de moi-même en fait du duo. On était en phase en fait, les uns avec les autres, on se regardait beaucoup, deux personnes pouvaient s’occuper d’une autre. C’était vraiment fluide quoi. Ça tournait, c’était. C’était magnifique quoi. Vraiment magnifique. Et puis pendant cette année-là, c’était pendant l’année de mes 25 ans, je suis allée aussi à Burningman. Donc qui est un festival qui se passe dans le désert au Nevada. Et là aussi c’est un terrain pour expérimenter, que ce soit au niveau des drogues, que ce soit au niveau aussi des échanges humains, que ce soit au niveau de la sexualité, la découverte de soi, la nudité, parce qu’il y en a aussi là-bas. Et donc tout ça, c’était des étapes nouvelles pour moi aussi. C’est me pousser toujours, toujours plus loin. Et j’ai vraiment vécu le Burning Man comme une réelle burner comme on dit. Donc vraiment, vraiment, y aller à cœur ouvert et vraiment sans jugement. Pouvoir être au milieu des gens, les côtoyer et puis vivre ces expériences aussi, aussi sexuelles, c’était incroyable. Je ne sais pas comment, comment, comment l’expliquer, mais en fait on se rend compte que dans les rapports sexuels humains, il y a vraiment un échange, une connexion qui se passe. Et c’est comme si des fois on pouvait se parler sans, sans parler quoi, Burningman, je ne me souviens pas vraiment, de vraiment une relation sexuelle où on parle, ou vraiment on échange, mais on échange tellement dans le corps ou dans l’intention, ou dans la présence, que ça remplit et c’est nourrissant. Et en fait on part avec ce beau cadeau pour affronter aussi la vie réelle en sortant du Burning Man.
Camille R.: [00:10:11] C’est marrant parce que quand tu parles de Burn, burner, là ce qui me vient c’est vraiment cette idée de brûler en fait toutes les limitations qu’on a pu mettre ou qu’on a pu se laisser mettre en fait par la société et aller se frotter à la vie en général, j’ai envie de dire, et voir comment est-ce qu’on se sent. C’est vraiment ce que je perçois en fait de ton expérience. C’est : j’ai des constructions que j’ai faites, j’ai des constructions qui m’ont été transmises par la société. Maintenant, je décide en vivant, en faisant l’expérience. Comment est-ce que je me sens par rapport à un plan à trois, par rapport au fait de prendre de la drogue, par rapport au fait d’avoir deux partenaires dans une même journée ? Et sur ça, je base en fait comment est-ce que j’ai envie de vivre quoi. Et je trouve que c’est génial.
Camille B.: [00:11:06] Exactement, c’est cette décision en fait, c’est empowerment, sex empowerment de “je choisis ma sexualité, je la veux, je veux la vivre comme ça”. Et en fait c’est ça qui a marqué en fait ma sexualité, c’est je la vis comme je veux, quand je veux et de la manière dont je veux. Donc oui, sur ce point-là, c’est vraiment ce changement de paradigme. Waouh! En fait, j’ai ce pouvoir entre mes mains, je décide de ce que je veux et ce que les gens vont penser, ce que les gens vont dire mais en fait ça me impacte pas. Parce que je vis ma sexualité comme je l’entends et elle est formidables comme ça. Donc oui, tu as raison par rapport à ça, et Burn c’était vraiment brûler tous les préjugés, tout ce que la société à peu nous dire, mon éducation, c’était vraiment rentrer du coup dans une autre phase et de vraiment me laisser aller. Et aussi pour la petite anecdote, Burning Man, j’ai eu un orgasme sur la machine de l’orgasmitron, je crois que c’était comme ça que ça s’appelait et c’était un médecin entre guillemets qui été habillé en blouse qui avait construit la machine à orgasme et donc ça avait un succès fou. Toutes les femmes voulaient l’essayer parce que voilà, il y avait la rumeur qui courait qu’il pouvait te donner un orgasme, que tu ressortais pas de là sans avoir un orgasme. Donc, évidemment, curieuse comme j’étais, j’étais “Ah je veux le faire”. Donc évidemment, il y avait une file d’attente et donc il disait que généralement ça dépend des femmes, parce qu’évidemment chaque femme prend son temps, à son rythme, quand elle se sent à l’aise. Et donc ça pouvait prendre entre 15, 30, 60 minutes, des fois un peu plus, mais on ressortait toutes de là satisfaite. Et donc cette machine avait une forme un peu de rodéo donc voilà, on est assise comment on rodéo, puis il y avait une petite boule qu’on insérait au niveau du vagin et puis lui il la faisait tourner la petite boule etc. et en même temps le petit cheval faisait son petit rite. Mais oui, ça marche! Donc voilà, c’était la petite anecdote et c’était la rumeur aussi des Burning Man, et c’était en plus je pense un orgasme très puissant et un des premiers, je pense, à 25 ans qui a résonné en moi quoi.
Olivier Mageren: [00:13:06] Ce qui me touche Camille, dans ce que tu partages, c’est que quand on ne se permet pas une expérience, on peut tous juger, se faire des fantasmes, une imaginaire. Alors que quand on se permet de le vivre, on se rend compte qu’on a tous une expérience unique et que l’expérience elle est douce et simple, et avec beaucoup de bienveillance. C’est ce qui se passe. Ce qui transparait dans ton partage, c’est ce côté où. Hmmm. Ton accueil de la vie et de la communication, et de tes désirs, paraît complètement transformé parce que tu te permets d’aller voir derrière tes peurs finalement et te rend compte que tu peux rentrer en connexion avec les autres de manière très, très, belle. Je ne sais pas si tu peux partager quelque chose par rapport à ça.
Camille B.: [00:13:55] Oui, c’est bien dit et c’est ça. C’est vraiment travailler sur les peurs et aller au-delà du préjugé, donc de vivre l’expérience. Et c’est pour ça aussi que j’aime bien en discuter, en parler en fait de ces expériences aux personnes qui sont intéressées, à mes amis, parce que souvent on se fait toute une montagne et en fait c’est pas si compliqué que ça et ça se fait assez naturellement en étant évidemment avec des bonnes, les bonnes personnes qui ont aussi des attentes, des intentions similaires. Donc c’est aussi important d’être entouré de ces personnes-là, mais c’est pas si compliqué ça. Et donc j’ai envie d’inciter les gens à être curieux en tout cas. D’y aller en tant qu’observateur, observatrice, de faire à son propre rythme et d’avoir cette curiosité en tout cas, de vouloir découvrir un peu plus. Et du coup, je me souviens plus de ta question, ce que tu voulais savoir précisément.
Olivier Mageren: [00:14:42] Mais je voulais savoir ce que tu voulais partager justement entre un côté fermé où justement on a des peurs et on se fait un imaginaire souvent très, très, éloigné de la réalité. Et puis le fait de vivre une certaine réalité, de le vivre concrètement dans ton corps et dans la relation à l’autre, et de voir à quel point ça a transformé en fait ta manière de voir les choses aujourd’hui.
Camille B.: [00:15:08] Oui, moi je pense vraiment dans ces expériences qui à transformer c’est : le consentement. Parce qu’en fait on a toujours ces appréhensions, on se dit ah ben dans un club BDSM, ça va être BDSM, ça va être n’importe quoi, etc. Alors que c’est des milieux où justement on parle de consentement, on apprend aux gens justement à parler de consentement et à être sûr aussi de ses intentions, de ce que l’autre veut, veut pas. Et donc en fait, c’est comme un jeu où il y a des règles et on sait que ces règles sont là pour notre sécurité. Et ça c’est des choses qu’on n’a pas en fait en dehors. Si on va dans un club de danse, ou dans un bar, ou dans le métro, il n’y a pas ces règles-là. Et donc c’est là où souvent il y a aussi des abus. Donc vraiment, ce que j’ai aimé dans cette expérience, c’est que les gens sont bienveillants et qui y sont là en fait pour notre bien aussi. Donc on veut, on veut évidemment notre bien, notre plaisir, mais en fait c’est un cercle, on veut en fait le bonheur de tout le monde, on veut que tout le monde ait une bonne expérience et donc on est vraiment, on prête vraiment attention aux besoins, aux désirs. Si on sent qu’il y a quelque chose qui est un peu ouh là Touchi, on arrête, on a des codes pour ça, pour dire ma main stop, là c’est un petit peu trop. Et donc c’est vraiment cette intention, attention qu’on porte à l’autre qui est fabuleuse. Et voilà, des fois on retrouve pas cette attention en dehors.
Camille R.: [00:16:26] Alors j’ai deux questions pour toi, pour rebondir sur ce que tu viens de nous partager. La première c’est vraiment d’essayer de saisir en fait, comment est-ce que ta sensibilité et ton vécu – là j’aurais envie de parler d’orgasme – a évolué. Et la deuxième, c’est de savoir comment est-ce que tu es rentré en France ? Quelles, tu vois, comment est-ce que tu as réussi à explorer finalement des parties très, très, vastes en fait de toi-même, loin de chez toi ? Et comment est-ce que c’est fait cette transition de retour dans, j’ai envie de dire, quelque chose de plus connu où les gens avaient peut-être une Camille dans un, dans une boite, alors que finalement maintenant elle était partout, mais pas dans la boite, ou beaucoup moins dans la boite.
Camille B.: [00:17:10] Très bonne question. Pour revenir sur la première donc comment on orgasme a évolué ? Je dirais que je me suis ouverte aux sensations, vraiment à écouter tout ce qui se passe en fait dans mon corps à cet état orgasmique. Donc que ce ne soit pas forcément au niveau génital. D’ailleurs j’en parlerais dans le troisième moment, mais vraiment aborder toutes ces sensations. Un petit toucher, hop je frissonne, une voix qui murmure derrière mon oreille, je frissonne, des paroles qui sont dites et je frissonne. Donc c’est vraiment cette sensibilité. Elle, s’est, elle est accrue, elle s’est accentuée. Et donc mon orgasme aussi, s’est, il est beaucoup plus, beaucoup plus vaste en fait. Et ça peut être une phrase qui a été dite. Enfin, c’est vraiment, ça rejoint un peu aussi ce qu’Olivier disait, c’est vraiment cet état orgasmique et cette sensation de volupté, peu importe ce qui se passe, mais c’est d’être à l’écoute de ses sensations. Et puis pour la deuxième question comment mon retour en Europe ? Alors je suis rentré en Belgique, mais pareil quand je rentrer en France, c’est aussi la même chose. J’ai eu beaucoup d’appréhension en fait, en partant de San Francisco où je me disais comment ça va se passer ? Parce que maintenant je suis une nouvelle Camille, j’ai découvert des choses. Est-ce que je vais réussir à continuer à être cette Camille en fait ? Je me posais cette question, je vais continuer à être cette Camille en étant en Europe et donc c’était vraiment une question. Donc elle est très bien ta question, parce que je me suis, je me la suis posée, j’ai eu beaucoup, enfin j’ai eu peur et en fait je me suis rendue compte que oui, on retourne en fait dans ce cadre parce qu’en fait c’est la société, elle nous remet directement, la ville où on est, les gens qui sont autour de nous, nous remettre dans ce dans cette ancienne Camille entre guillemets, dans ce contexte. Et en même temps j’ai évolué, et en même temps j’ai pris confiance en moi, et en même temps j’explore ma sexualité, donc je suis quand même différente et je suis toujours aussi dans cette curiosité, dans l’éveil. Mais c’est vrai que c’est plus difficile de pouvoir expérimenter aussi librement ici en Belgique ou en France et d’être entouré des personnes qui ont cette même intention. Ça c’est plus difficile. Et donc oui, c’était ça, ça n’a pas été évident de revenir et d’être cette Wild Camille quand des personnes peuvent juger. Donc maintenant voilà, je fais abstraction de ça, maintenant j’ai grandi donc je m’en fiche un peu. Mais voilà, comme je disais, c’est difficile d’expérimenter tout ça assez librement ici. Donc c’est aussi le projet du “Love Health Center”, c’est de pouvoir ouvrir les esprits, pouvoir explorer en fait, avoir cette envie, cet émerveillement d’explorer sans jugement et avec bienveillance. Parce qu’il y a des personnes demandeuses de ce genre d’activités et de choses.
Olivier Mageren: [00:19:41] Si je me permets d’ajouter : et de créer des espaces et des lieux où on peut apprendre justement les ingrédients pour être en sécurité, pour vivre des expériences nouvelles en ouvrant les esprits. Et donc ça se fera crescendo, étape par étape, en fonction de chacun, en fonction des ateliers et des conférences qu’on peut, qu’on peut vous offrir. En tout cas, c’est notre intention. Alors la troisième phase de ta vie, quelle est-elle ? Qu’est-ce que tu veux ? Comment tu veux la partager ? Et où se situe-t-elle par rapport à ce que tu viens d’expliquer ?
Camille B.: [00:20:12] Alors là, j’ai fait oui, d’un ordre assez chronologique. Le troisième moment, je dirais que c’est le moment un peu actuel. Donc maintenant à 28 ans où je découvre, donc tu parlais des organes, de l’orgasme, comment ça a évolué. Et donc là, maintenant, récemment, j’ai découvert l’orgasme des seins, donc je savais que j’y étais déjà sensible, mais là j’y suis d’autant plus sensible et peut-être aussi mon partenaire fait que j’y suis encore plus sensible. Mais voilà, cette sensation d’avoir un orgasme en fait, en ayant les seins sucé, les seins touché, les seins aimé, regarder mon partenaire les toucher, les sucer, de voir son visage, de voir le plaisir qu’il y prend. Moi aussi c’est un retour en fait, c’est, c’est chouette. Et de sentir tout son corps vibrer et d’exploser à la pointe des seins.
Camille R.: [00:21:03] Wow!
Camille B.: [00:21:04] Ça donne envie hein ? Puis je tiens à dire aussi aux auditeurs, auditrices, que ce n’est pas non plus que les seins ou l’appareil génital qui sont des zones érogènes. Il y a aussi par exemple moi j’ai le côté de la nuque qui est très érogène, j’ai le creux des bras, le ventre. Enfin voilà, on ne se limite pas qu’à ces parties là, mais vraiment, en ce moment, je voulais souligner, voilà, mes seins qui sont extrêmement sensibles.
Camille R.: [00:21:29] Et ça rejoint bien en fait ce que nous partagé Olivier dans l’épisode précédent. C’est qu’en fait là tu parles, on parle d’orgasme, on parle de zones érogènes, mais on peut aussi avoir des orgasmes dans des zones qui, qu’on considèrerait comme étant non érogènes, genre un orgasme du cœur, un orgasme des pieds. Et finalement, ça nous ramène à la dimension énergétique en fait de l’orgasme, qui, et du coup pas uniquement limité aux zones génitales ou sexuelles. Et donc là on part dans une exploration qui est très spirituelle finalement.
Camille B.: [00:22:01] Oui, exactement. Et même le fantasmatique aussi. Les orgasmes pendant le sommeil, ça, ça m’arrive aussi. Donc j’ai pas besoin de me toucher, j’ai pas besoin qu’on me touche les seins ou qu’on me touche, qu’on touche la vulve. J’ai juste besoin de mon imaginaire, de mon esprit. Des expériences aussi accumulées aussi. Je pense au niveau des. On parlait des mémoires cellulaires, donc c’est ça qui vient se rejouer aussi dans le sommeil donc, et où, et la tension sexuelle qui vient aussi se libérer. Et c’est ça aussi, c’est chouette. Ouais.
Camille R.: [00:22:31] Merci pour ce partage, C’est une belle exploration à continuer. J’avais juste envie de rebondir sur ce que tu partageais dans ton premier moment sur le côté maman et salope. C’est des discussions que j’ai eu pas mal récemment, et en fait je me suis rendue compte qu’on avait vraiment, j’ai envie de dire, donné le professionnalisme en fait dans la sexualité à un type de femme qu’on devait en plus payer pour pouvoir en bénéficier. Et en fait, en plus le mot est très, très, fort connoté à l’heure actuelle. Quand tu dis salopes ou putain, c’est quand même pas quelque chose qui est très positif. Et j’avais vraiment envie d’inviter en fait, c’est ce que je fais autour de moi, les femmes et les hommes à se ré approprier finalement ce mot, à considérer que la sexualité elle est absolument à portée de tout le monde. Il n’y a pas, il n’y a pas de niveau en fait, c’est pas parce qu’on est une maman qu’on a une sexualité qui va être moins, moins riche, moins dans l’exploration. Et donc voilà, vraiment invité à pouvoir déjà, déjà de un savoir ce qu’on met derrière ces deux archétypes là et vraiment prendre conscience en fait que chacun, chacune, on a cette potentialité d’être experte dans sa sexualité, pas dans la sexualité, ça veut pas vraiment dire grand-chose. Et vraiment en fait de conscientiser la puissance intérieure d’un point de vue de confiance en soi et d’amour de soi que ça peut générer quand on est au contact en fait de ses désirs, de ses plaisirs et de sa sexualité. Donc voilà, c’est un appel qui est très, très, cher à mon cœur parce que c’est vraiment le chemin sur lequel je suis. Et je trouve que c’était aussi, comment dire, une belle illustration de ce que, de tout le parcours que tu viens de nous partager depuis une sexualité plus cadrée en fait, plus liée à l’éducation qu’on a pu recevoir, vers la Wild Wild Camille qui est parti en exploration et qui en revient transformée à jamais quoi. Donc voilà. Merci.
Camille B.: [00:24:38] Wow! Merci!
Olivier Mageren: [00:24:40] Merci Camille d’avoir partagé toutes ces belles expériences qui sont extrêmement riches et interpellant. Et je pense que ça résonnera avec beaucoup de personnes, beaucoup d’auditeurs et d’auditrices. Je voulais te demander aujourd’hui, avec l’expérience que tu as à l’évolution actuelle, que tu es. Ce que signifie la sexualité pour toi.
Camille B.: [00:25:03] Hmmm, pour moi, ma sexualité est quelque chose que je vois comme un terrain de jeu. Assez libre, avec évidemment des règles, parce que c’est un jeu, où je fais ce que je veux mais en prenant aussi connaissance de cause avec mon partenaire. C’est un lieu aussi où je peux exprimer mes désirs, les exprimer et les expérimenter. C’est aussi un lieu où j’essaye de communiquer beaucoup par rapport à ça, donc ou même avoir des réflexions sur ma sexualité : où est ce que j’en suis ? Qu’est-ce que je veux ? Qu’est-ce que je souhaite ? parce que c’est un travail de tous les jours, elle évolue cette sexualité, elle était comme ça dans le passé. Aujourd’hui, elle est ainsi puis demain elle sera sûrement différente. Et voilà. Donc c’est vraiment explorer en fait mon corps d’une manière donc consciente. J’aime bien dire ça de manière consciente et vraiment apprendre à aimer mon corps et à avoir toutes les richesses en fait, que ce corps m’offre, quant à la sexualité.
Olivier Mageren: [00:26:04] Merci. À t’écouter Camille, j’ai énormément de belles sensations et surtout d’espoir que davantage de personnes auront l’audace de passer derrière finalement leurs pensées, et d’oser l’expérience pour ensuite pouvoir partager autour d’eux cette beauté. Parce que finalement, ce que je vois, ce que les gens ne voient pas dans l’audio, c’est à quel point tu rayonnes et la beauté de tes yeux là, quand tu partages ça, c’est juste un cadeau magnifique. Je suis convaincu que ça transparait à travers ta voix et l’intention du podcast.
Camille B.: [00:26:38] Je l’espère.
Olivier Mageren: [00:26:40] Chère auditrices et chers auditeurs, je me demande si vous aurez l’audace de commenter ce podcast. Est-ce que vous oserez, un peu comme en sexualité, c’est toujours une question d’authenticité, de vulnérabilité, mais d’oser. Oser ça commence par tous des petits gestes du quotidien, aussi simples soient-ils, dire je t’aime à quelqu’un, remarquer un sourire dans la rue, s’émouvoir pour quelque chose qui se passe autour de nous. Donc il faut oser être touché par les choses. Et je pense que le corps s’éveille à la sexualité, qu’on ose être touché par les sensations et l’autre, en totale confiance. Et donc, je vous invite à oser poser un commentaire sur ce podcast, ça peut être osé demander d’être interviewé pour partager aussi un moment fort qui a transformé votre sexualité, votre vie actuellement en tout cas, et également les espoirs que vous avez autour de ça. Je pense que voilà, il faut. J’adore m’émerveiller et découvrir en fait à quel point chaque sexualité est extrêmement différente. Très, très, très, différentes et je pense que si on faisait 7 milliards de podcasts, on donnerait 7 milliards différents qui pourraient nous toucher l’un l’autre.
Camille B.: [00:27:51] Et donc on attend 7 milliards de commentaires. J’espère que cet épisode vous aura inspiré. Vous oserez être un peu plus curieux autour de votre sexualité ? Si vous avez aimé ce podcast, n’hésitez pas à le partager autour de vous. A une amie, un ami, quelqu’un de votre famille qui serait ravi de pouvoir l’entendre aussi. Et puis on compte sur votre soutien aussi. On est toujours à la recherche de moyens de financement, alors n’hésitez pas à nous écrire sur notre page Facebook du “Love Health Center”.
Outro: [00:28:22] “Entr’Nous”; “Entr’Nous”.